Le capitaine RENE TURIN
Né à Brest le 7 février 1879, il obtient son brevet
de pilote le 1er avril 1915. Pilote à l’escadrille N15, il en
devient le commandant le 1er mai 1915. En août, il est diligenté par
le général D’URBAL pour mener à bien l’installation du terrain de Savy.
En
octobre, il est blessé sur les pentes de Notre Dame de Lorette dans un
atterrissage mouvementé sous le feu de l’ennemi ce qui lui vaut cette
citation :
"Après
avoir combattu au début de la campagne à la tête de son peloton, a été
appelé pour être observateur. Grâce à des qualités de coup d'oeil et de
sang-froid, s'est adapté très vite à sa mission. A fait au-dessus des lignes
ennemies de nombreuses reconnaissances, souvent rendues pénibles par le mauvais
temps. Au cours d'une reconnaissance arrêtée au-dessus des lignes ennemies par
une panne de moteur, a fait preuve de sang-froid en se repérant exactement sous
une pluie de balles et de projectiles et en aidant le pilote à reconnaître les
lignes alliées pour y atterrir."
En décembre 1915, en étant en reconnaissance avec le Caporal DAGUZAN,
il rencontre sur le front Anglais six avions allemands. Bien que seul, il n’hésite
pas à les attaquer et il les met en fuite successivement. Pour ce fait, il reçoit
la croix militaire anglaise des mains du Général Allenby.
Cité quatre fois à l’ordre de l’armée, René Turin reçoit la
croix de la Légion d’Honneur en 1915. En 1916 il quitte nos cieux pour
conduire sa chère et infatigable Escadrille N15 à la bataille de Verdun et une
cinquième citation récompense les services qu’il a rendus. La sixième lui
vient avec la mort en pleine bataille, le 6 septembre 1916 dans les
environs de Vermandovillers.
Le 6 septembre 1916,
JAILLER et TURIN décollent pour effectuer une liaison d’infanterie.
Vers 16 heures JAILLER perd de vue son compagnon et rentre seul au terrain. La
soirée passe, toute la nuit l’escadrille inquiète attend le retour de son
chef. Dès l’aube,
JAILLER part à sa recherche en volant très bas. Entre
les premières lignes, à proximité des troupes ennemies, il aperçoit le petit
tas de toile et de bois du Nieuport abattu. Il repère bien l’endroit et la
nuit suivante, malgré la bataille en cours, décide de s’y rendre avec Clément
MONTASSIN et un autre compagnon. En rampant sous les barbelés, dans la boue des
trous d’obus, ils finissent par retrouver l’endroit. Après plusieurs
heures, sous un tir nourri d’artillerie, ils arrivent à dégager le corps,
l’enveloppent dans la toile de l’avion et le ramènent à l’escadrille
dans ce brancard improvisé. L’escadrille
tout entière peut rendre un bel hommage à son chef au cours d’une émouvante
cérémonie survolée par les Lieutenants GUYON, EPITALON et le Sous Lieutenant
CHEVILLON. MONTASSIN et JAILLER seront justement récompensés de la Légion
d’Honneur, de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre.
« Modèle de devoir et de bravoure. A commandé pendant plus d’un
an une escadrille de combat, notamment pendant les offensives d’Artois, la
bataille de Verdun et la bataille de la Somme. A constamment payé de sa
personne en tête de ses pilotes en tenant honneur de faire tout son métier aérien
et d’assurer en même temps, de façon parfaite le commandement de son unité. Le
6 septembre, parti volontairement pour une observation d’infanterie particulièrement
importante et périlleuse est descendu à quelques mètres des fantassins qui
s’élançaient à l’assaut, est tombé glorieusement au milieu d’eux» (Colonel J. Dufieux chef
d’Etat Major de la Xème armée, le 17 septembre 1916.)

Installation du terrain de Savy
Le capitaine Turin lit ses instructions, appuyé sur sa canne.
